Cette année, c'est 338 000 phoques qui seront chassés et tués au Canada,
soit une augmentation du quota d'abattage de 43 000 phoques supplémentaires par rapport à 2008.
En 2009, les chasseurs pourront tuer 280 000 phoques du Groenland, 50 000 phoques gris et 8200 phoques à capuchon.
"La chasse aux phoques du Groenland est une course pour atteindre les quotas. L'objectif des chasseurs est de tuer le plus possible de bêtes, plutôt que de les tuer humainement ou d'appliquer les règlements", a déclaré Sheryl Fink, porte-parole du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
Menace de boycott européen
Depuis la diffusion, il y a près d'une quarantaine d'années, d'un documentaire présentant un chasseur dépeçant vivant un blanchon (bébé phoque), cette chasse est critiquée pour sa cruauté. Ottawa a finalement interdit, en 1987, la chasse aux blanchons.
Les États-Unis ont déjà interdit le commerce des produits dérivés du phoque canadien depuis 1972.
La Russie vient d'interdire la chasse aux bébés phoques âgées de moins d'un an, parlant de "pratique sanguinaire".
L'Union européenne a supprimé les ventes de peaux de bébés phoques en 1983 et les Etats de l'Union se sont prononcés fin octobre 2008 en faveur d'une interdiction du commerce des peaux de phoques tués dans des conditions cruelles.
Pour être adopté, le texte doit encore être approuvé par les eurodéputés, dont la date du vote a été repoussée et qui pourrait avoir lieu en mai.
Si cette mesure est adoptée, tous les produits liés à la chasse aux phoques seront interdits dans les 27 pays de l'Union européenne. Le projet a cependant prévu une exception pour les produits qui viennent de la chasse pratiquée par les populations inuites à des fins culturelles.
Si le vote des euro-députés est favorable à une interdiction, cela constituerait un revers pour le Canada, qui a fait de nouvelles concessions en décembre dernier en limitant strictement l'utilisation du gourdin contreversé "hakapiks" et en établissant de nouvelles règles pour le dépeçage des phoques. Le Canada a lancé une contre-offensive en soulignant qu'ils étudiaientt tous les recours juridiques et diplomatiques. "Nous allons exercer nos pleins droits aux termes du commerce international si cela devient nécessaire".
Un projet de loi pour mettre fin à la chasse aux phoques (Mars 2009)
C'est la toute première fois qu'un politicien canadien, le sénateur Mac Harb, présente une loi mettant un terme à ce qui demeure le plus grand massacre de mammifères marins au monde.
« C'est vraiment un moment historique - on peut enfin réellement envisager la fin de la chasse aux phoques commerciale canadienne », a dit le réputé avocat canadien Clayton Ruby. « Le sénateur a démontré un leadership et un courage incroyables, en parlant au nom de la majorité des Canadiennes et Canadiens sur ce sujet. »
Le projet de loi est un amendement de la Loi sur les pêches qui interdirait la chasse au phoque commerciale dans les eaux canadiennes, tout en protégeant les droits des peuples aborigènes à chasser le phoque.Le dépôt du projet de loi va dans le sens des sondages d'opinion récents, qui démontrent qu'une majorité de Canadiens sont toujours contre la chasse au phoque commerciale, et qui veulent qu'elle soit interdite. Ce projet de loi survient alors que l'industrie de la chasse aux phoques connaît un déclin économique. On s'attend à ce que le prix des peaux de phoque baisse à nouveau cette année. La demande mondiale en fourrure de phoque est dérisoire, et l'Union européenne envisage un embargo sur tous les produits de phoques non-autochtones.
Les chiffres de la chasse aux phoques
Au ministère canadien des Pêches et des Chasseurs, la chasse aux phoques est considérée comme une activité durable et bien gérée. Elle assure un complément de ressources pour des communautés de pêcheurs affectés par la chute des stocks de morues. Les peaux de phoques sont vendues en majorité à l'industrie de la mode de Norvège, de Russie et de Chine. Les pêcheurs vendent aussi de la graisse destinée à être utilisée comme huile. En 2006, l'abattage de quelque 335.000 phoques avait rapporté 25 millions de dollars (18,5 millions d'euros). La population de phoques au Canada s'élève aujourd'hui à 5,5 millions d'individus, contre 1,8 million dans les années 1970, selon les autorités. Un nombre en augmentation depuis que le Canada a commencé à gérer la chasse. Selon Ottawa, 6.000 personnes pratiquent cette chasse au canada, pays où sont abattus près du
tiers des phoques chassés chaque année dans le monde.