Thon rouge : Bonne décision du Parlement européen qui vote pour l'interdiction du commerce international et contre le délai d'application de 18 mois
Par 422 voix contre 216, le Parlement européen a voté ce matin pour l'interdiction du commerce international du thon rouge. Il s'est en revanche prononcé, par 349 voix contre 287, contre un délai de mise en œuvre de 18 mois conditionnant l'entrée en vigueur de l'interdiction à d'éventuelles nouvelles données scientifiques.
« Même si ce vote est consultatif, c'est un signal fort qui a été envoyé par les élus européens aux Etats membres et à la Commission européenne. En votant contre le délai potentiellement suspensif de 18 mois, il témoigne de la prise de conscience des élus de l'urgence à agir. Pour les parlementaires européens, c'est clair, il y a trois avis scientifiques récents émanant d'instances internationales qui établissent que le thon rouge est menacé d'extinction. Ils estiment qu'il faut agir vite et qu'il n'y a pas d'autres avis scientifiques à attendre » commente Isabelle Laudon, responsable Politiques européennes au WWF-France.
Le secrétariat de la CITES a, lui aussi, recommandé vendredi dernier l'inscription du thon rouge en Annexe I. « Il est incroyable d'entendre encore les représentants des thoniers senneurs assener qu'il n'y a pas d'avis scientifiques fondant cette interdiction » ajoute Isabelle Laudon.
« Après le pas déterminant qu'elle a fait la semaine dernière, qui a un effet d'entraînement certain au niveau européen, la France doit maintenant renoncer au délai suspensif de 18 mois qui ne se justifie ni scientifiquement, ni économiquement, et qui a été rejeté par les élus européens » demande Serge Orru, Directeur général du WWF-France. En effet, depuis l'annonce française, la Grande-Bretagne et l'Italie se sont prononcées pour l'interdiction du commerce international de l'espèce.
Le WWF-France soutient l'annonce faite par la France de la création d'une Zone Economique Exclusive au large des côtes françaises permettant aux petits métiers pêchant dans cette zone de continuer à vendre leurs thons rouges sur le marché intérieur européen.
« Il faut arrêter de dire qu'une interdiction du commerce international interdirait la pêche. La pêche artisanale, qui ne nuit pas à l'espèce et qui peut être durable si elle est bien gérée, pourra continuer. C'est la pêche industrielle, tournée vers l'exportation, qui sera touchée par l'interdiction du commerce international, et c'est elle qui a conduit au quasi-effondrement du stock. C'est le mode de pêche qu'il faut changer » affirme Denis Ody, responsable du Pôle Océans et Côtes au WWF-France.
Le WWF-France appelle les deux nouveaux commissaires européens, Maria Damanaki, commissaire en charge de la Pêche, et Janez Potocnik, commissaire en charge de l'environnement, à suivre cet appel des élus européens pour une interdiction, sans délai, du commerce international du thon rouge.
Source : WWF
2010-02-13 23:29:00